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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 18:26

Bikut-Si viendrait de l’éwondo « Bia kut si » qui signifie nous frappons le sol.

Ce nom ou appellation est dû du fait que par le passé, il était interdit strictement aux femmes des « Beti Be Nanga » d’élever le ton au milieu des dignitaires ou notables, soit pour prendre part aux simples causeries, ni et encore moins pour se chicaner. Les rixes aussi étaient prohibées.

Une femme en tant qu’un être humain, capable d’éprouver des émotions pouvait-elle vivre en étouffant ses affects pour toujours ?

Loin de là ! Il lui fallut trouver un moyen de projection et d’expression car jusqu’ici elle ne faisait que refouler tout ce qui lui venait dans le conscient.

Pour y arriver, il fallut faire très attention à ce qu’on va faire : tout faire sauf le vieux système de rixe qui consiste à bagarrer et à se quereller.

Que firent exactement ces femmes stratèges ?

 

Elles attendaient les jours de marché, et après avoir réalisé leur vente et fait les courses, au chemin du retour, elles formaient un cercle et toute femme frustrée ou provoquée par une autre venait au milieu du cercle, et débitait son mécontentement sous forme d’un monologue chansonnier et soliste serti de vers en fredonnant et en trépignant, et le cercle reprenant en chœur exprimait à son tour son opinion et surtout sa sentence, son jugement, en claquant les mains et en trépignant. Tout était sur « à qui le tour ».

Selon le témoignage de Marthe Mbili Ntomo (1929-1998) qui reçut elle-même ce témoignage de ses parents qui furent dans leur enfance témoins plus ou moins oculaires de ces choses « tout se passait comme si ces femmes s’assaillaient au préalable pour composer les différents morceaux que l’on pouvait interpréter dans ces cercles de danse trépignante, au point où tout fut cohérent et alléchant ». Pour mieux embrouiller les hommes, tout prenait l’air d’une fête, on pouvait noter les écho-vibrants que ces femmes lancent souvent pour donner la marque de satisfaction.

Ces cercles dansants donnaient aux femmes de se réunir non seulement pour projeter leur amertume mais aussi, pour recevoir d’autres femmes des conseils en cas de difficultés. Notons que toute réunion entre les femmes était interdite également, sous risque d’être taxées de conspiratrices, et l’histoire nous apprend que, toute femme ainsi considérée se rendait coupable de la mort de son mari et par conséquent, sa punition était d’être enterrée vivante avec ce dernier. Le processus était le même pour recevoir un conseil. La demandeuse se place au milieu du cercle, expose son problème en soliste et chansonnière, le cercle en répons, lui donne un conseil net.

C’est donc sur le fait de danser en frappant le sol par ses pieds qui donne le nom « Bikut Si » à ce rythme connu comme propriété intellectuelle des Beti.Sourcelink

 





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